Une délégation du Stade Toulousain a fait le déplacement dans le Nord pour rencontrer les instances du rugby et du sport en général. Objectif : un centre territorial de formation.
Par Aude Perron
Ils avaient beau être en vacances scolaires, une vingtaine de gamins ont répondu à l’appel de leur coach de rugby, Peggy Daniel-Luquin, et se sont présentés au terrain municipal, mercredi matin, pour une occasion bien spéciale : une séance d’entraînement avec un grand nom du Stade Toulousain, Philippe Rougé-Thomas. Aujourd’hui directeur sportif de l’Association Stade Toulousain Rugby (ASTR) et en charge de la formation des jeunes talents du club, il est sur le territoire en compagnie de Yohan Faure et Abraham Tolofua, anciens rugbymen eux aussi et aujourd’hui, respectivement, responsable de l’école de rugby et éducateur de l’ASTR. Objectif : sonder les forces vives du rugby en Calédonie pour fonder un centre de formation, annexe à celui du club à Toulouse, rien de moins.
« Les Calédoniens ont les qualités psychologiques et physiques pour être de bons joueurs de rugby, analyse Philippe Rougé-Thomas. Les Wallisiens ont le gabarit et les Mélanésiens ont la vitesse. Ce sont des diamants bruts. Il faut faire sortir tout ce talent. » Yohan Faure opine : « Et comme il y a du métissage, on se retrouve avec des jeunes qui réunissent les qualités intrinsèques d’un rugbyman. De plus, ils n’ont pas peur du contact, par rapport aux jeunes en Métropole qui eux, doivent l’apprendre. Cela nous fait gagner un temps considérable. »
Des qualités donc, mais sans encadrement, difficile de faire progresser ce talent. D’où la nécessité d’un centre de formation de rugby, qui verrait le jour dans le grand Nouméa. Il formerait individuellement des joueurs masculins et féminins en rugby à 7 et à 15, détectés dans les clubs. Et également des éducateurs. « Il manque d’encadrement ici. On peut compter sur un Métro, mais dès qu’il repart, tout tombe à zéro », dit Philippe Rougé- Thomas. Ce n’est pas Peggy Daniel-Luquin qui va dire le contraire. Conseillère rugby technique (CRT) pour le Nord, elle couvre la province à elle seule. Des relais seraient donc formés et rémunérés pour intervenir sur le temps scolaire, périscolaire et dans les structures de loisirs (associations, clubs). Tous les cinq ans, trois emplois d’éducateurs sportifs seraient ainsi créés. « C’est bien que les relais se professionnalisent, approuve-t-elle. Le bénévolat ne dure pas toujours. Et le rugby reste une discipline à risques. Là, les enfants seront encadrés en toute sécurité. »
Reste à trouver la forme juridique qui devra tenir compte des spécificités du code du travail calédonien et le soutien financier. A combien pourrait s’élever la facture de ce centre ? Quelque 3 millions d’euros, avec un fonctionnement annuel de 300 à 500 000 euros, estime Yohan Faure. « Comme à Toulouse, ce n’est pas un petit dispositif : il comprend la formation, mais aussi le suivi scolaire et médical des jeunes détectés et leur participation à des compétitions amateurs dans le Pacifique. » Des tournois qui permettraient aux Calédoniens de progresser, avant d’attaquer les compétitions professionnelles en Métropole. « Cela va remonter le niveau régional, abonde Frédéric Hervouet, de l’Union Rugby Club de Dumbéa, qui a un partenariat d’échanges et de perfectionnement avec le Stade Toulousain. Nous sommes dans un triangle des Bermudes, entre Tonga, Samoa et Fidji, et nous sommes à la rue ! »
Photo : A. P.
Le Stade Toulousain en quête de pépites, Les Nouvelles Calédoniennes, 13 avril 2013.

